Concert Aïda du 21 février

 
PROGRAMME

Pour des raisons de santé, Tarmo Peltokoski ne pourra pas assurer la direction du concert. L’Association Aïda et l'Orchestre national du Capitole remercient Constantin Trinks d’avoir accepté de reprendre la direction musicale de la soirée.

Porté par la baguette de Constantin Trinks et la soprano Siobhan Stagg, l’Orchestre national du Capitole prolonge la Saint Valentin. Un concert lyrique qui nous invite à une forme de face à face entre deux géants de l’opéra, Mozart et Strauss, à travers un entrelacement d’œuvres évoquant la fidélité – mais aussi l’infidélité – amoureuse…
 

Wolfgang Amadeus Mozart
La Flûte enchantée
I. Ouverture
II. « Ach ich fühl’s »

Così fan tutte
I. « Temerari!...Come scoglio »
 

Richard Strauss
La Femme sans ombre, fantaisie symphonique
 

ENTRACTE (20 minutes) 
 

Wolfgang Amadeus Mozart
Les Noces de Figaro
I. Ouverture
II. « Porgi Amor »
III. « E Susanna non vien…Dove Sono »
 

Richard Strauss
Le Chevalier à la rose, suite
 

DISTRIBUTION

Siobhan Stagg, soprano
Constantin Trinks, direction
 

BIOGRAPHIES

Siobhan Stagg

Siobhan Stagg

La soprano australienne Siobhan Stagg, née en 1987, s'est imposée comme l'une des artistes lyriques les plus reconnues de sa génération. Elle a été engagée comme « Jeune artiste » au Festival de Salzbourg (2013) et par la troupe du Deutsche Oper Berlin (2013- 2015), avant de participer au Ring de Wagner sous la direction de Sir Simon Rattle. Depuis, elle est invitée sur les scènes les plus prestigieuses sur quatre continents.

Siobhan Stagg s'est tout particulièrement distinguée dans le rôle-titre de Cendrillon (de Massenet) à l'Opéra de Chicago et dans les personnages mozartiens de Pamina (La Flûte enchantée) et de Susanna (Les Noces de Figaro) au Covent Garden de Londres, reprenant ce dernier rôle à l'Opéra comique de Berlin et au Festival international d’Édimbourg. Elle a recueilli le même succès dans Sophie (Le Chevalier à la rose de Strauss) à l'Opéra de Zurich et à l'Opéra d'Etat de Berlin, dans Leonore (Fidelio de Beethoven) et L'Autre Voyage (d'après Schubert) à l'Opéra-Comique de Paris, dans Mélisande (Pelléas de Debussy) à l'Opéra de Dijon et au Victorian Opera d'Australie (un rôle qui lui a valu le Green Room Award). Ses prestations ont également été acclamées dans le rôle-titre de Lady Magnesia (de Weinberg) et Najade (Ariadne auf Naxos de Strauss) à l'Opéra d'Etat de Bavière ; dans Blonde (L'Enlèvement au sérail de Mozart) à l'Opéra national des Pays-Bas...

En concert, Siobhan Stagg a marqué les mémoires dans Shéhérazade de Ravel avec l'Orchestre symphonique de la Radio bavaroise sous la direction de Tugan Sokhiev ; la Symphonie n° 2 de Mahler avec le London Symphony Orchestra et Sir Simon Rattle ; Das Buch mit sieben Siegeln de Franz Schmid avec l'Orchestre symphonique de Vienne et Ingo Metzmacher ; le Requiem de Mozart avec l'Orchestre de Cleveland et Franz Welser-Möst ; ou encore In This Brief Moment de Brett Dean avec le NDR Elbphilharmonie Orchester de Hambourg et Alan Gilbert.

Au cours de la saison 2024-25, Siobhan Stagg se produira avec le London Symphony Orchestra et le chef Michael Tilson Thomas, l'Orchestre du Gürzenich de Cologne et Lorenzo Viotti dans la Symphonie n°2 de Mahler ; l'Orchestre symphonique de la Radio de Berlin et Vladimir Jurowski dans le Requiem allemand de Brahms ; l'Orchestre de la Radio de Munich dans le Stabat Mater de Szymanowski ; le Symphonique de Tasmanie et le Symphonique d'Aalborg au Danemark avec les Quatre derniers Lieder de Strauss. En outre, elle entamera des collaborations avec le Symphonique de Toronto, le Philharmonique de Hong Kong, l'Orchestre et le choeur de la Radio-Télévision espagnole, l'Orchestre baroque de Fribourg ou encore l'Orchestre national du Capitole de Toulouse.

Ses engagements à l'opéra pour la saison 2024-25 comprennent Idomeneo en tournée avec l'orchestre baroque d'Helsinki, Orlando pour la nouvelle production du Théâtre du Châtelet à Paris, une reprise de Lady Magnesia au Bayerische Staatsoper ainsi que ses débuts dans le rôle de Despina dans Così fan tutte et un nouvel opéra Dark Side of the Moon d'Unsuk Chin pour le Hamburgische Staatsoper.

Très investie dans l'éducation et le développement des talents émergents, Siobhan Stagg a récemment créé une série de bourses pour les jeunes chanteurs, les Siobhan Stagg Encouragement Awards. Elle siège au conseil d'administration du Dame Nellie Melba Opera Trust.


Constantin Trinks

Constantin Trinks

Né en 1975 à Karlsruhe, en Allemagne,Constantin Trinks est un chef d’orchestre très prisé dans le monde de l’opéra. Il a exercé au Théâtre national de la Sarre, avant de rejoindre le Théâtre d’Etat de Darmstadt. Depuis, il est sollicité comme chef invité par les plus grandes maisons lyriques. A l’opéra, Constantin Trinks a monté plusieurs fois le Ring de Wagner, que ce soit à Darmstadt, au Theater an der Wien ou à l’Opéra national de Sofia.

Il s’est également produit à Bayreuth dans le cadre du Bicentenaire Wagner de 2013. Il est un habitué du Théâtre d’État de Bavière, où il a ainsi dirigé Arabella de Richard Strauss, prolongé en tournée au Théâtre des Champs-Élysées, à Paris, avec Anja Harteros dans le rôle-titre. Ses dernières saisons ont été marquées par un Don Giovanni à Covent Garden à Londres, une Fiancée vendue de Smetana, une Flûte enchantée à l’Opéra Bastille et une autre Flûte enchantée au Festival de Glyndebourne.

Très apprécié également dans le répertoire symphonique, Constantin Trinks a dirigé l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise, le Philharmonique de Dresde, l’Orchestre national de l’opéra de Montpellier, le Philharmonique de Monte-Carlo, l’Orchestre philharmonique de Radio France, l’Orchestre philharmonique de Strasbourg ou encore l’Orchestre de Chambre de Paris.

Sa discographie comprend la Symphonie n°3 de Wilhelm Petersen avec le Hr-Sinfonieorchester de Francfort et la Symphonie n°1 de Hans Rott avec l’Orchestre du Mozarteum de Salzbourg, deux enregistrements parus chez Hänssler .
 

PRÉSENTATION DES ŒUVRES

Wolfgang Amadeus Mozart

La Flûte enchantée, K.620 (1791)

À l’insouciance, la vitesse et la légèreté de l’Ouverture des Noces de Figaro, celle de La Flûte enchantée répond par la gravité, le sérieux et la solennité. Tout commence par trois grands accords… comme les trois coups que l’on frappe à l’entrée de la loge maçonnique – ou les trois faces de son triangle – nous rappelant l’appartenance de Mozart à une loge et le fait qu’il multiplie les références à cette communauté dans son opéra. Un opéra ou plutôt un « singspiel », c’est-à-dire un opéra chanté non pas en italien mais en allemand, comportant des passages parlés, comme au théâtre ou dans l’« opéra comique » français. Les singspiels traitent souvent de sujets fantastiques et La Flûte enchantée ne fait pas exception à la règle puisqu’elle réunit un pays inconnu et lointain ressemblant à l’Egypte, un serpent magique, des prêtresses et un oiseleur sans oublier une Reine de la Nuit aux allures de déesse païenne et malfaisante… Tous ces éléments dessinant un conte de fée initiatique et symboliste sont précédés par une ouverture instrumentale totalement unique dans l’oeuvre de Mozart. En effet, le lever de rideau de La Flûte enchantée est le seul à posséder un thème écrit dans le style fugato, c'est-à-dire avec une mélodie interprétée en décalée par divers pupitres, dans le style d’une fugue, le plus docte des genres musicaux. Une manière pour Mozart, là encore, d’évoquer peut être la science des francs-maçons et de symboliser musicalement l’importance du collectif, de la diversité dans l’unité.

Quant à l’air Ach, ich fühl’s, es ist verschwunden! « Ah, je le sens, elle est évanouie ! », il est chanté par Pamina, la fille de la Reine de la Nuit et nous fait ressentir la tristesse de la prêtresse face au silence de son amoureux Tamino. Un terrible quiproquo, car le silence de son amant n’est pas le résultat d’un quelconque désintérêt ou d’un manque d’amour de sa part – comme elle le pense – mais d’une épreuve de silence soumise à Tamino.
 

Così fan tutte, K.588 (1789)

Così fan tutte peut s’entendre comme le prolongement des Noces de Figaro à ceci près qu’ici… ce sont les femmes qui trompent ! Così fan tutte, littérallement, « Elles font toutes ainsi » est l’autre opéra le plus souriant de Mozart mais aussi le plus cynique de Mozart. À Naples, au XVIIIe siècle, trois amis discutent de la prétendue infidélité naturelle des femmes. Afin de tester leur théorie, ils décident de faire croire à leurs fiancées qu’ils partent à la guerre. Un piège sournois, car en réalité, les amis reviennent dans leurs foyers respectifs sous les traits de soldats étrangers et se montrent de plus en plus entreprenants envers les jeunes femmes. Après avoir résisté un temps, comme le prouve l’air « Come scoglio », une véritable leçon de vertu chantée par la fiancée Fiordiligi, ces dernières finissent par succomber aux avances des maris grimés. Une trahison que les maris accueillent d’abord avec tristesse puis avec résignation, dans un happy end grinçant…
 

Richard Strauss

La Femme sans ombre, fantaisie symphonique, op. 65 (1919)

Comme c’est le cas de la suite orchestrale du Chevalier à la rose, la version symphonique de La Femme sans ombre est le reflet instrumental d’un opéra féérique et initiatique de Richard Strauss. Le projet de ce drame lyrique est d’ailleurs inspiré du livret de La Flûte enchantée de Mozart comme nous le rappelle cette lettre écrite à son librettiste Hugo von Hoffmannsthal. « Si on voulait de nouveau faire quelque chose ensemble, cela devrait être une action colorée et puissante… Un conte de fées où deux hommes et deux femmes sont opposés les uns aux autres… Cela serait à La Flûte enchantée ce que Le Chevalier à la rose est aux Noces de Figaro. » Comme dans le singspiel de Mozart, La Femme sans ombre est une fable où les Dieux rôdent sur Terre. Un jour, la fille du Roi des Esprits épouse un Empereur des Îles-du-Sud. Pour mener à bien cette union et prendre forme humaine, l’Impératrice a été contrainte de dire adieu à ses pouvoirs magiques. L’illusion est quasi-parfaite, à ceci près qu’un oeil attentif constaterait qu’aucune ombre ne suit jamais l’Impératrice. Un détail trahissant ses origines divines et l’inachèvement de sa transformation humaine. Son père la prévient un jour via un messager : « Si tu ne parviens pas à projeter une ombre dans les trois jours, l’Empereur sera changé en pierre et tu retourneras auprès de moi, dans le monde des Esprits. » Afin de sauver l’Impératrice, sa nourrice ensorcèle une femme du peuple, mécontente du ménage qu’elle forme avec un teinturier décevant. La nourrice réussit à convaincre l’épouse de céder son ombre à l’Impératrice. Prise de pitié pour ce couple, l’Impératrice refuse finalement de voler l’ombre de l’humaine, un sacrifice récompensé par les Dieux qui lui permettront de garder pour toujours une forme humaine. Motifs descendants comme des notes tombées du ciel, percussions orientalisantes et thèmes sans ombre nous transportent dans la plus magique des partitions de Richard Strauss.
 

Wolfgang Amadeus Mozart

Les Noces de Figaro, K.492 (1786)

Des cordes qui gigotent dans les graves grommelant une petite phrase, puis deux, puis trois, à chaque fois un peu plus longue que la précédente. Un petit thème bien célèbre, qui s'étend, et s'enfle, et se travaille avec de plus en plus de notes jusqu’à… éclater en un grand accord lumineux et un rire brillant entonné par l’orchestre entier. De toutes les ouvertures d’opéra de Mozart, celle des Noces de Figaro est sans doute la plus jouissive, galvanisante et énergique. Comme le veut la tradition, cette ouverture instrumentale joue le rôle d’un prélude et nous plonge dans l’ambiance festive des Noces du valet Figaro et de sa fiancée Suzanne. Un amour qui n’est pas du goût de leur employeur, un Comte volage, qui délaisse son épouse pour mieux faire des avances à Suzanne… C’est d’ailleurs la Comtesse Rosine qui interprète « Porgi Amor » et « Dove Sono ». Deux lamentations lyriques d’une femme délaissée. Deux airs nobles et sentimentaux à l’image de la Comtesse priant pour le retour à la raison… et à la maison de son mari !

Richard Strauss

Le Chevalier à la rose, suite (1945)

Chez Strauss, ce ne sont pas les hommes qui trompent mais les femmes ! Dans Le Chevalier à la rose, tout commence par une scène d’amour extra-conjugale vécue par une riche Maréchale et un chevalier jouvenceau qu’elle envoie un jour dans une mission qui aura raison de leur relation. En effet, pour aider son cousin, le baron Ochs auf Lerchenau, la Maréchale charge son amant de se rendre auprès de la jeune fiancée du baron afin qu’il lui offre une rose, symbole du mariage à venir. Le chevalier s’exécute mais, malheureusement pour la Maréchale, le Chevalier et la jeune femme… tombent fou amoureux l’un de l’autre ! Malgré les doutes et le profond attachement que le Chevalier ressent pour elle et en raison de leur différence d’âge, la sage Maréchale finit par accepter cette nouvelle relation, libère le Chevalier de son étreinte et souhaite une longue vie aux deux tourtereaux le temps d’un trio final d’une immense beauté. 

La passion, la fougue, la sagesse et la beauté. Les quatre ingrédients de l’opéra de Strauss se retrouvent dans la suite orchestrale du Chevalier à la Rose, un pot-pourri sans paroles de l’opéra créé avec succès trente ans plus tôt, en 1911 à Dresde.

Un parfum de mystère flotte d’ailleurs sur cette partition où l’on retrouve des valses et des thèmes cultes de l’opéra. Il est possible que Richard Strauss ne soit pas impliqué dans cet arrangement orchestral de la pièce lyrique. Certains commentateurs considèrent que le premier chef d’orchestre à avoir joué la suite en 1946 à New York, à savoir Artur Rodzinski, serait en fait, le véritable auteur de ces extraits de rose.

Textes de Max Dozolme
 

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février
2025