Concert Aïda du 4 octobre


PROGRAMME

On dit que le violoncelle est un des instruments les plus proches de la voix humaine. Ce soir, il va chanter et même danser. Héroïque, joyeux, nostalgique... Il a mille façons d'habiter notre mémoire et notre imaginaire, comme en témoigne Pierre Gil, soliste de l’Orchestre du Capitole depuis trente ans, qui jouera de grandes pages du répertoire, agrémentées de quelques surprises.
 

Gioachino Rossini, Guillaume Tell, Ouverture en mi majeur (1829)

Piotr Ilitch Tchaïkovski, Variations sur un thème rococo opus 33 (1877)

Gabriel Fauré, Elégie opus 24 (1880)

Joseph Haydn, Symphonie n° 13 en ré majeur, Hob. I:13 (1763)
 

DISTRIBUTION

Pierre Gil, violoncelle
Catherine Larsen-Maguire, direction
 

BIOGRAPHIES

Pierre Gil

Pierre Gil

Pierre Gil commence ses études musicales au Conservatoire National de Région de Bayonne où il suit les cours de Jacques Doué. Il obtient très jeune les médailles d’or de solfège, musique de chambre et violoncelle.

En 1984, il entre au Conservatoire National de Musique de Paris où il étudie le violoncelle avec P. Muller et la musique de chambre avec M. Bourgues, M. Parrenin et R. Pidoux. Il y obtient ses deux Premiers Prix en 1988.

Durant cinq ans il est violoncelliste à l’Orchestre de Mulhouse. Il participe à de nombreux concerts dans la région : il est violoncelliste solo de l’Orchestre de chambre « La Folia » et membre fondateur du quatuor Arkan.

Depuis 1994, il est violoncelle solo de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse.
 

Catherine Larsen-Maguire

Catherine Larsen-Maguire

Née à Manchester et aujourd'hui établie à Berlin, la chef d'orchestre Catherine Larsen-Maguire a étudié la musique à l'université de Cambridge, puis à la Royal Academy of Music de Londres et à l'Académie Karajan de Berlin. Elle se consacre à la direction d'orchestre depuis 2012, après une brillante carrière de bassoniste, qui l'a amenée à occuper pendant dix ans le poste de premier basson à l'Opéra comique de Berlin.

Les concerts de Catherine Larsen-Maguire, donnés aux quatre coins d'Europe et d'ailleurs, sont salués par la critique comme étant « chargés d'une énergie recréatrice, portés par des tempos souples, tenus par un équilibre scrupuleux et dotés d'une grande portée interprétative » (The Arts Desk).

Particulièrement reconnue pour la clarté qu'elle apporte au répertoire romantique britannique, la chef est cependant pourvue d'une large polyvalence, dirigeant avec la même aisance Haydn, Brahms, Elgar, Mahler ou les œuvres des compositeurs d'aujourd'hui.

Ces dernières saisons, Catherine Larsen-Maguire a dirigé des formations tels que le London Philharmonic, l'Orchestre national de la BBC du Pays de Galles, l'Orchestre de chambre d'Ecosse, le Royal Northern Sinfonia, l'Orchestre national du Capitole de Toulouse, les orchestre symphoniques de Galice et de Ténérife, l'Orchestre d’Estrémadure,  l’Orchestre de la Radio slovène, l'Orchestre de chambre de Genève, la Staatskapelle de Mecklenbourg, en Allemagne, ou encore l'Orchestre symphonique de Göteborg, le Symphonique national de Colombie et l'Orchestre philharmonique de Jalisco, au Mexique.

La chef a collaboré avec un large éventail de solistes, notamment Carolin Widmann, Edgar Moreau, Adam Walker, Sean Shibe, Jean Rondeau, Lucas et Arthur Jussen, Guy Johnston et Sarah Wegener.

S'intéressant aux défis de la musique contemporaine et ne craignant pas la complexité d'une nouvelle partition, Catherine Larsen-Maguire travaille en étroite coopération avec des compositeurs vivants et elle a ainsi participé à la création d'œuvres écrites par Alexander Goehr, Cathy Milliken, Erkki-Sven Tüür, Gordon Kampe, James MacMillan et Joey Roukens.

Catherine Larsen-Maguire accorde une importance déterminante aux questions de transmission et d'éducation à travers la musique, que ce soit en tant que chef d'orchestre ou pédagogue. Ainsi, à la suite d'une série de concerts très réussis qui ont été salués par la presse écossaise, elle a été nommée directrice musicale de l'Orchestre national des Jeunes d'Ecosse pour la période 2024-2026.
 

PRÉSENTATION DES ŒUVRES

Le violoncelle : la voix de l'histoire

11 novembre 1989 : c'est avec le violoncelle que se disloque le Mur de Berlin. Sur un tabouret de fortune, Mstislav Rostropovitch joue une pièce de Bach sur l'ancien verrou de Checkpoint Charlie. Une Sarabande en bande sonore, pour accompagner le film historique qui se projette en direct. A l'évidence, cet instrument raconte aussi bien des histoires intimes qu'une Histoire commune.
On dit que le violoncelle chante comme la voix humaine, dont il est si proche. Du reste, dans un orchestre symphonique, c'est le troisième instrument des cordes frottées le plus grave – et le plus grand, en taille – après le violon et l'alto, et avant la contrebasse.
Le violoncelle apparaît à la période baroque, au cours du XVIe siècle, d'abord en Italie puis en France. Les musiciens de cour l'ont boudé pendant plus d'un siècle, jugeant l'objet et le son qu'il produit pas assez nobles... Ils lui préfèrent alors la viole de gambe, qui lui ressemble à première vue, mais qui est pourtant un ancêtre éloigné. Le violoncelle fait partie de la famille des violons et non des violes.
Il faudra que les grands Italiens lui composent un répertoire – Corelli, Vivaldi, Boccherini – et que la Révolution française précipite le déclin des violes, pour que le violoncelle entre pleinement dans l'histoire. Les compositeurs classiques l'installent en bonne place dans l'orchestre puis les romantiques, qui en font un compagnon de voyage, un conteur, un confident, une âme sœur, dans son éternelle silhouette adolescente, pour qui tous les espoirs sont permis, et les premiers chagrins si vite arrivés.

Rostropovitch

 

Gioachino Rossini (1792-1868)

Guillaume Tell, Ouverture en mi majeur (1829)

Fanfare, cavalerie : en avant ! La dernière partie de cette ouverture de Guillaume Tell est un immense succès du cinéma et des cartoons de Tex Avery. A l'origine, Rossini compose cette charge féroce et étincelante pour un grand opéra, qui sera donné pour la première fois à Paris en 1829. Cette ouverture propose quatre tableaux successifs. Tantôt calmes, tantôt orageux. D'abord une évocation des alpages, imperturbable (jusqu'au roulement des timbales qui annonce le tonnerre). Puis la tempête spectaculaire qui se lève sur le lac des Quatre cantons. De nouveau s'installe la douceur de la campagne, au milieu des vaches (un autre tube pour dessins animés). Et, donc, pour finir, la fanfare, la révolte, le combat des Suisses contre l'oppresseur autrichien.
Si cette ouverture s'achève dans des effets de masse et dans un triomphe de cuivres éclatants, elle débute par de la musique de chambre et un parfum de mystère. Cinq violoncelles font naître un sentiment de beauté et de sérénité, sur un tempo modérément lent (andante). Dessinent-ils un paysage ou un personnage ? Ces violoncelles pourraient en effet incarner Guillaume Tell, le héros à la fois élégant, rêveur et sûr de sa force, qui va se dresser contre la tyrannie et qui sera condamné à la cruelle épreuve de viser juste, avec son arbalète, dans une pomme posée en équilibre sur la tête de son fils.
Après cet opéra, Rossini prend une quasi-retraite, à pas même quarante ans. Il s'adonne aux voyages, aux cures thermales et aux soupers fins, tout particulièrement du côté de Bagnères-de-Bigorre.


Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893)

Variations sur un thème rococo, opus 33 (1877)

Huit chemins. Et un point de départ : une mélodie dans un style disparu depuis : le rococo, que Tchaïcovski s'amuse à recréer, dans ce goût de l'époque Louis XIV, entre le baroque et le classique. Rythmes fluides, couleurs de pastel chaudes, ornementations florale... Voilà l'esprit rococo.
Ce thème est ensuite repris, transformé, réinventé. En huit aventures, huit variations, qui s'enchaînent sans pause. Génial exercice de style. Le guide n'est autre que le violoncelle. C'est lui qui alterne les émotions, les prouesses, les trésors du son. Il virevolte des larmes mélancoliques à une folle course poursuite. La dernière variation est en effet à en perdre le souffle... ou les doigts.

Quinze ans après cette composition, Tchaïkovski reçoit deux violoncellistes dans sa maison de Klin, près de Moscou, et leur promet de dédier un concerto à leur instrument. Sa mort l'année suivante l'en empêchera.

 

Gabriel Fauré (1845-1924)

Elégie, opus 24 (1880)

L'élégie est un poème qui parle de séparation. Le plus souvent, du deuil. Parfois, de la rupture amoureuse. Gabriel Fauré, le compositeur né en Ariège, à Pamiers, se trouve plongé dans la seconde situation. Il a trente deux ans et la femme qu'il aime a décidé de rompre les fiançailles. Fauré entre dans une caverne de dépression qu'il affuble du beau nom de « spleen ».
En 1880, trois ans après cette fracture sentimentale (et trois ans avant de se marier, avec une autre femme), il compose son Elégie. Pour la circonstance, il choisit deux instruments, un couple qui se console d'un même chagrin : le violoncelle et le piano. Leur peine produit des étincelles de poésie. En 1901, Fauré remplace l'accompagnement de piano par un orchestre symphonique. Comme une épaule plus solide, où le violoncelle peut venir verser ses larmes.

 

Joseph Haydn (1732-1809)

Symphonie n° 13 en ré majeur, Hob. I:13 (1763)

I - Allegro molto
II - Adagio cantabile
III - Menuet et Trio
IV - Finale. Allegro molto

 

Mais que sont ces quatre notes qui ouvrent le quatrième et dernier mouvement de la Symphonie n°13 de Haydn ? Il semble que... Oui, ce thème entraînant et facile à garder en mémoire ressurgira vingt-cinq ans plus tard dans la Symphonie n°41 dite « Jupiter » de Mozart. Cette postérité rappelle combien l’œuvre de Haydn est riche en curiosités et références.
Sa Symphonie n°13 (il y en aura plus de cent à la fin de sa carrière) voit le jour l'année de ses trente-et-un ans. Certainement facilitée par un violoncelliste d'exception, Joseph Frantz Weigl, qui joue dans l'orchestre de Haydn. Avec un tel virtuose à ses côtés, le compositeur sait qu'il peut explorer toutes les possibilités offertes par l'instrument. Ainsi, le deuxième mouvement de sa symphonie, un Adagio cantabile (« lent » et « chantant »), place le violoncelle au centre du jeu. D'aise et de reconnaissance, ce dernier exprime une sensation de joie, porté par les autres cordes de l'orchestre. Pendant sept minutes, le violoncelle a droit à un véritable mini-concerto. Cette œuvre marque une ascension vers les nuages. Violon-ciel !

Pierre Carrey

 

Orchestre
03
septembre
2024