Interview - Axelle Saint-Cirel


Nous avons eu le plaisir de rencontrer Axelle Saint-Cirel, grande gagnante de la 5ème édition du Concours Voix des Outre-mer et figure emblématique de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Paris. Découvrez sans plus attendre le portrait de cette jeune mezzo-soprano qui s'engage dans une carrière prometteuse ! 

Axelle Saint Cirel

Axelle Saint-Cirel, vous êtes mezzo-soprano, diplômée du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, pourriez-vous nous présenter votre parcours ?

Dès mon plus jeune âge, linfluence de mes parents mélomanes a suscité en moi une profonde curiosité de lutilisation de la voix dans les différents genres musicaux. La découverte du chant lyrique fut une véritable révélation, marquant le début de ma vocation. Après avoir passé une partie de mon enfance en Malaisie, jai entrepris ma formation musicale en France, dabord au Conservatoire de Montbéliard, puis au Pôle Supérieur de Paris Boulogne-Billancourt. Quelques années plus tard, jai intégré le Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, où jai eu lhonneur d’être guidée par des professeurs exceptionnels et spécialisés dans leur discipline, qui mont permis daffirmer mon identité artistique. Au cours de mon parcours professionnel jai eu la chance de travailler aux côtés de personnalités du monde lyrique, telles que Sabine Devieilhe et Mathieu Pordoy. Jai également eu lopportunité de participer à des Masterclass dartistes de renom comme Sumi Jo, Anne Sofie von Otter, Karine Deshayes, Sophie Koch, François Le Roux, Anne Le Bozec, Susan Manoff et Christian Ivaldi. Ces expériences ont enrichi ma pratique et élargi mon approche du répertoire vocal. Parallèlement à cette formation académique, ma participation à divers concours et à des académies prestigieuses telles que lOpéra de Monte-Carlo et Opera for Peace, ma permis de diversifier mon répertoire et de me confronter à des pratiques artistiques variées, essentielles à mon développement  artistique.
 

Votre voix a été révélée au grand public en juillet dernier lors de la Cérémonie douverture des Jeux Olympiques de Paris, quel(s) souvenir(s) gardez-vous de cette interprétation exceptionnelle de La Marseillaise sur le toit du Grand Palais ?

Ce moment restera à jamais gravé dans ma mémoire. Interpréter La Marseillaise dans un contexte aussi emblématique, depuis un lieu aussi majestueux que le toit du Grand Palais, fut à la fois un immense honneur et une grande responsabilité. Le tableau « Sororité » est le fruit dun travail d’équipe à chaque étape : rien naurait été possible sans lorchestre, la robe de la maison Dior, la maîtrise de Radio France, les statues de ces dix femmes, les équipes du Grand Palais et surtout limaginaire de ces personnes extraordinaires avec qui jai eu lhonneur de collaborer. Je me souviens encore de lintensité de cet instant et du calme intérieur quil ma fallu trouver avant de chanter les premières notes. Savoir que cette interprétation portait les valeurs et limage de la France à travers le monde ma profondément émue. Ce fut une expérience unique, à la fois profondément personnelle et universellement partagée.
 

Il y a quelques semaines, nous avons eu la chance de vous accueillir au Théâtre du Capitole dans le cadre dune soirée organisée par le CIC Sud-Ouest, mécène dAïda. Pourriez-vous nous dire quelques mots sur ce spectacle proposé par Opera for Peace et plus largement sur votre expérience au sein de cette Académie ?

Le spectacle proposé par Opera for Peace a transcendé la célébration de lart lyrique pour devenir un véritable hommage à la paix et à lexcellence artistique. En tant que chanteurs lyriques, nous avons conscience de la responsabilité immense qui nous incombe. Ici, transmettre un message de paix dans un monde qui semble parfois oublier les leçons du passé. LOpéra, par son pouvoir unique d’émouvoir et de rassembler, offre au public un instant suspendu, hors du temps, où les préoccupations du quotidien s’évanouissent. Je suis profondément reconnaissante davoir eu la joie de partager ce moment précieux avec les spectateurs du Théâtre du Capitole, un lieu symbolique de la culture lyrique. Ce qui ma particulièrement touchée, cest la vision audacieuse dOpera for Peace, qui rend lopéra accessible à un large public tout en lancrant dans les enjeux contemporains. Chaque représentation devient ainsi bien plus quune simple performance, une occasion rare de créer une communion entre les artistes et les spectateurs, unissant tous les cœurs par la magie intemporelle de la musique.
 

Aujourdhui, quel est le répertoire que vous aimez aborder et quels sont les projets que vous attendez avec impatience ?  

J'éprouve une profonde admiration pour les opéras de Mozart, dont la complexité vocale constitue un véritable défi. Cest dans cette difficulté que réside le génie du compositeur : ses lignes mélodiques, bien que parfaitement accessibles à loreille contemporaine, demandent une maîtrise totale de la part du chanteur. Les rôles dits « pantalon », alliant puissance dramatique et subtilité émotionnelle, me fascinent particulièrement, offrant une richesse dinterprétation incomparable. Je me consacre également aux lieder de Schumann, Schubert, Mahler, ainsi quaux mélodies françaises, des œuvres que jaffine avec soin pendant des mois, tant elles sont chargées de sens. Dans les mois à venir, je suis impatiente de faire mes débuts à l'Opéra de Monte-Carlo, à l'Opéra de Toulon, ainsi que de chanter en République Tchèque et à Singapour. Ces nouvelles expériences internationales sont pour moi une grande source denthousiasme. Parallèlement, je travaille sur des récitals autour de répertoires variés — français, espagnol, russe, anglais, allemand — qui me permettront d'explorer une palette vocale plus intime et personnelle.
 

Aux côtés de lOpéra et de lOrchestre national du Capitole, Aïda défend des projets douverture de lart lyrique en faveur de la jeunesse. Selon vous, comment faire pour sensibiliser les plus jeunes à la musique classique ?  

Je suis convaincue que la clé pour captiver les jeunes réside dans la capacité à rendre la musique classique vivante et accessible. Il est essentiel de construire des passerelles entre leur univers et celui de lOpéra, que ce soit à travers des spectacles participatifs, des ateliers interactifs ou des collaborations avec dautres formes dart, comme le cinéma ou les musiques actuelles, notamment lorsque des thèmes classiques sont revisités.  L’éducation musicale joue également un rôle fondamental. Des œuvres comme Pierre et le Loup, Le carnaval des animaux, Histoires naturelles, Fantasia ou encore la Mer qui ont marqué mon propre rapport à la musique classique, illustrent à quel point limaginaire peut rendre la musique classique passionnante et universelle. Enfin, il est crucial de montrer que la musique classique nest pas figée dans le passé. Elle peut résonner avec toutes les générations et les sensibilités en abordant des thèmes intemporels et en mettant en lumière sa modernité et sa capacité à évoluer avec notre époque.
 

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30
décembre
2024