Interview - Manon Galy
Dans le cadre de notre engagement en faveur du Festival de Toulouse, nous avons eu la chance d'échanger avec Manon Galy, violoniste et lauréate des Victoires de la musique en 2022. Aux côtés de l’Orchestre de Chambre de Toulouse, elle interprètera les Quatre Saisons de Vivaldi et la recomposition hypnotique de cette œuvre par Max Richter. Une rare occasion d’entendre ces deux pièces en miroir au cours d’une même soirée !
Manon, nous sommes très heureux de vous retrouver le 12 juillet prochain au Théâtre de la Cité dans le cadre du Festival de Toulouse. Les Quatre saisons de Vivaldi et leur recomposition par Max Richter font partie des œuvres les plus populaires de la musique classique, comment appréhendez-vous ce programme ?
Manon Galy : Je suis ravie et très excitée à l’idée de jouer ces 8 saisons dans un même concert car c’est un vrai petit marathon qui à mon avis est assez rarement programmé (même si ces deux œuvres sont très souvent jouées séparément évidemment). Les saisons de Vivaldi sont un pilier inébranlable du répertoire, et font partie des œuvres qui parlent au plus grand nombre, qui génèrent des émotions fortes et directes par leur écriture extrêmement imagée et inventive. C’est toujours un immense plaisir de les jouer et de les réinventer ; il est impossible de se lasser d’une musique d’une telle richesse. Concernant les saisons de Richter, elle permettent un véritable saut temporel en étant directement mises en regard avec les premières. Richter s’approprie le matériau de Vivaldi en développant les motifs thématiques sous forme de boucles incessantes ; son écriture électro/minimaliste apporte une lumière très moderne et intéressante à l’œuvre dont il s’inspire.
Au-delà de tout ça, j’attendais une occasion de jouer avec l’Orchestre de Chambre de Toulouse depuis très longtemps, et c’est un bonheur de pouvoir interpréter ces œuvres à leurs côtés. J’ai hâte de cette collaboration !
Vous êtes originaire de Toulouse mais voyagez désormais beaucoup en France et à l’étranger, quel(s) lien(s) gardez-vous avec la Ville Rose ?
Je garde un lien indéfectible avec Toulouse car toute ma (très grande) famille y vit, il est donc essentiel pour moi de revenir régulièrement afin de passer du temps avec eux et de recharger mes batteries ; c’est un vrai retour aux sources. Je suis aussi restée très proche de mes anciens professeurs de violon, à qui je vais souvent rendre visite quand je rentre. C’est la ville qui m’a forgée, vue grandir, et je ne me lasserai jamais d’arpenter ses rues, sa campagne, de goûter à son air chaleureux et détendu. Toulouse c’est tout simplement ma maison !
Vous vous produisez régulièrement en tant que soliste mais aussi dans différentes formations de musique de chambre (avec le Trio Zeliha notamment), comment organisez-vous votre agenda et quels sont les futurs projets que vous attendez avec impatience ?
Mon agenda s’organise assez naturellement, bien qu’il ne soit pas toujours facile de trouver un équilibre entre mes différentes activités solistes et chambristes ; il faut avoir la faculté de switcher très rapidement d’un programme à l’autre, d’un état d’esprit à un autre… Je dirais que c’est surtout l’organisation dans mon travail qui est difficile à gérer car j’ai beaucoup de choses à préparer, de répertoire à monter. C’est une balance essentielle pour moi et une chance de pouvoir découvrir et éprouver toutes ces œuvres incroyables, mais c’est certain qu’il faut toujours anticiper et réfléchir intelligemment au temps et à la qualité du travail pour ne rien laisser de côté (ce que j’apprends encore à faire, pas facile…).
Pour ce qui est de mes projets, nous venons de sortir un disque avec le trio Zeliha autour des deuxièmes trios de Schubert et Chostakovitch, et nous avons beaucoup d’échéances ensemble dans les prochains mois, notamment aux côtés de Renaud Capuçon avec qui nous jouons très régulièrement. J’ai également le plaisir de préparer le Deuxième Concerto de Prokofiev, dont je suis totalement amoureuse et que je jouerai au mois d’août au festival d’Ainay-le-vieil avec David Molard-Soriano, mais aussi le Quatrième Concerto de Mozart que j’aurai l’occasion de jouer en décembre lors d’une tournée avec l’ONPL et Sacha Goetzel.
En mai 2023, nous avons eu la chance de vous accueillir à la Halle aux grains à l’occasion d’un concert Aïda. Vous interprétiez le magnifique Concerto pour violon n°3 de Saint-Saëns, quel souvenir gardez-vous de cette soirée ?
Un souvenir impérissable… Ces deux concerts comptent parmi les plus beaux moments de toute ma vie. J’en ai des frissons rien que d’y penser ; jouer ce sublime concerto aux côtés de cet orchestre qui a bercé mon enfance et avec qui j’ai toujours rêvé de jouer, dans cette salle mythique où j’ai assisté à mes tout premiers concerts, devant le public toulousain si chaleureux (et toute ma famille, mes amis…). Ces moments resteront gravés en moi à jamais.
Vous aviez également eu la gentillesse de rencontrer un groupe de jeunes en amont du concert dans le cadre de notre programme de Mécénat Solidaire. Pourquoi est-il important pour vous de transmettre votre passion de la musique avec le jeune public ?
Je me souviens de cette intervention scolaire juste avant le concert, lors de laquelle j’avais eu le plaisir de rencontrer des enfants adorables et attentifs ; c’était un échange privilégié qui me laisse un très beau souvenir. Cela me rappelle à quel point il est important de partager son expérience aux plus jeunes car au-delà de les stimuler et de leur faire découvrir le monde de la musique classique, qui leur semble souvent lointain voire inaccessible, cela peut vraiment créer des vocations. C’est d’ailleurs comme ça que j’ai moi-même commencé le violon étant petite, suite à une intervention scolaire dans mon école… Et voilà où ça m’à menée !
Un mot pour terminer ?
Vive la musique, vive Aïda, vive Toulouse et vive le Festival de Toulouse ! (Navrée, ça fait un peu plus d’un mot…)
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